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Auteur(es) : | WHITEFIELD Patrick |
Editeur : | Imagine Un Colibri |
Parution : | Mars 2011 |
Manuel pratique pour concevoir et planter un jardin-forêt, ainsi que pour assurer la gestion des plantes au cours du temps.
(par Nicolas, designer en permaculture et gérant de la Librairie)
CRÉER UN JARDIN-FORÊT - Une forêt comestible de fruits, légumes, aromatiques et champignons au jardin.
C'est donc un livre qui dit comment créer un jardin-forêt.
Mais... euh, une forêt !?! Vraiment ?
L'homme ne fait pas pousser de forêt, c'est la nature qui fait ça...
Les permaculteurs savent bien ce qu'est un jardin-forêt (ou forêt-jardin, ou forêt fruitière, ou forêt comestible, etc.)
Mais pour le néophyte, est-ce qu'une "forêt" peut laisser imaginer une abondance de fruits ou de nourriture ?
J'en doute un peu...
Le terme forêt renvoie à une plantation d'arbres relativement serrés, formant de leurs hautes branches une voûte verte tamisée magistrale. Je mettrai un bémol à ces quelques mots, car une forêt peut aussi être une jungle impénétrable et hostile à l'homme. Si si ...
Mais bon, nous les Homo sapiens, ce qui nous intéresse, c'est d'assurer notre survie sur terre en répondant à nos besoins.
Nos besoins en alimentation, notamment.
Depuis des lustres, les groupes d'Homo sapiens vivent de la nature, sans avoir eu véritablement l'envie de se mettre au turbin pour gagner leur croûte. Et ça tombait bien, car le travail, c'est la torture (et non la santé).
Au début, je peux imaginer que ces peuples qui vivaient en bonne harmonie sur Terre avec la nature, cueillaient leur nourriture lors de leur balade. Puis un jour ils se sont attardés un peu plus longtemps à un endroit qui regorgeait de nourriture (baies comestibles, fruit à coque, racines, salades sauvages, insectes...)
Et ils ont commencé à sélectionner les plantes qui étaient bonnes pour eux et ont délaissé, voir supprimer localement les plantes qui ne leur apportaient rien.
De cette manière, les peuples qui vivaient en forêt, ont lentement mais sûrement modifier la forêt autour de leur village pour qu'elle deviennent un peu plus nourricière qu'à l'origine.
Au fil des millénaires, ces forêts sont devenu des agroforêts, au sein desquelles la diversité fût rapportée à une poignée de plantes permettant d'assurer à la fois la fonction nourricière et la pérennité des cycles biogéochimiques.
Oula ! un mot savant : cycle biogéochimique !
C'est pour différencier ces agroforêts des monocultures, ces dernières étant incapables d'assurer les cycles de la matière, conduisant irrémédiablement à l'épuisement des ressources du sol, à son érosion ou à la pénitence de l'agriculteur, qui sera obligé de combler cette déficience par la science de l'agriculture chimique. Et bien entendu, en en payant le coût, qu'il soit financier, sanitaire ou environnemental.
Donc, maintien des cycles biogéochimiques veut dire = maintien de la fertilité et pérennisation de la fonction nourricière de ces forêts.
Revenons à notre poignée d'arbres.
Connaissant les permaculteurs, j'en entend déjà m'interpeller : "Non ! pas une poignée d'arbre. Il en faut plein, un maximum de diversité ! C'est ça la permaculture !"
Alors je dis :
- trop de diversité nuit à la diversité (ou en langage cybernético-écologique : un système trop diversifié va dépenser son énergie à s’organiser plutôt qu’à fournir une production)
- et pas assez de diversité met en péril la pérennité du système, car chaque élément prend alors un rôle crucial pour assurer le fonctionnement de l’écosystème, et si un élément venait à disparaître sans avoir de remplaçant fonctionnel, c’est alors l’ensemble du système qui serait sérieusement mis en péril.
Mais il y a une différence majeure entre une forêt naturelle et une agroforêt : c’est l’action de l’homme. Il joue le rôle multiple :
- de remplaçant de la diversité manquante,
- d’organisateur de l’espace,
- de surveillant-réparateur, contribuant ainsi à accélérer le feedback ou boucle de rétroactions. Imaginons : une maladie cryptogamique touche un peuplement d’arbre en forêt naturelle. Le message d’attaque est reçu par le peuplement et il va chercher une solution (c’est une loi de la cybernétique : une action dans un sens induit une action en retour). Le feedback commence. La solution va être par exemple d’accroître la fertilité et la reproduction, de mourir dignement et de laisser la place aux nouveaux arbres qui, bénéficiant d’un brassage génétique dû à l’accroissement de fertilité, vont évoluer en gardant en mémoire l’attaque du champignon. Et dans le lot, des individus plus adaptés que d’autres vont réussir à grandir et évoluer, le champignon sera ainsi stoppé. MAIS CELA PREND DU TEMPS !
L’homme gestionnaire d’agroforêt joue donc un rôle dans la rétroaction en sélectionnant les espèces judicieusement, en les remplaçant plus rapidement, en les soignant, en les entretenant.
Pour cette raison, une agroforêt est viable même si sa diversité spécifique est plus faible que dans une forêt naturelle.
Cela signifie-t-il qu’il faille concevoir nos forêts alimentaires avec peu de diversité ?
Oh que non !
Cela veut simplement dire que la diversité n'a pas besoin d'être exagérément développée.
Un système forestier naturel soutenable basique, comprend :
- un ensemble d’espèces végétales qui permettent une utilisation maximale de l’énergie solaire, et des ressources organo-minérales (de tailles différentes, héliophiles ou sciaphiles, avec des enracinement différent)
- un ensemble d’espèces animales qui permettent de recycler la matière organiques végétales et de créer le sol nécessaire aux plantes. Ces espèces de toute taille (de la bactérie au sanglier) se mangent et se régulent les unes les autres, dans une joyeuse dynamique qui permet la stabilité du système.
Un système agroforestier basique comprend :
- les mêmes choses, mais avec des espèces sélectionnées par l’homme,
- et des choses supplémentaires :
- des plantes fertilisantes (famille des Fabacées, des Éléagnacées)
- des espacements entre plantes plus important
- des chemins (et oui ! il faut y penser aussi)
- des êtres humains qui s’y affairent
- moins d’animaux, car ceux qui mangent les récoltes sont tenu à l’écart.
On note qu’il y a quelques différences, alors pourquoi y aurait-il plus de plantes fertilisantes et d’espace entre les plantes dans une agroforêt que dans une forêt naturelle ?
La réponse est simple : parce que l’homme mange et commercialise les fruits de ces agrosystèmes.
Manger et commercialiser les produits d’une agroforêt, c’est exporter de la fertilité.
Donc, pour maintenir la fertilité et la continuité des cycles biogéochimique, il faut trouver un processus de compensation, il faut fermer le cycle que l’on a ouvert.
De plus, commercialiser implique de produire du gros, du bon, du beau fruit. Traduction : produire plus que ce qu’un écosystème naturel peut donner.
Pour cette raison, il faut apporter aux plantes une ration supplémentaire de nourriture.
Les plantes ont besoin pour vivre :
- de lumière,
- de CO2,
- de nutriments,
- et d’eau.
Considérons l’eau et le CO2 comme suffisamment présent, il reste à agir sur la lumière et les nutriments.
Ces deux choses peuvent être traduite par le rapport C/N (carbone/azote).
L’azote est crucial pour la fructification, il est exporté par la vente des fruits et il est très mobile et facilement lixiviable, les pluies entraînent l’azote qui s’infiltrent dans le sol et disparaît de l’agroforêt. Le cycle de l’azote est un cycle avec des pertes et des fuites.
Comme il est impossible de stopper ces pertes et ces fuites, nos systèmes doivent donc être bien achalandé en azote, c’est pour cette raison qu’on intègre des plantes fixatrices d’azote dans les agroforêts.
Mais qui dit rapport C/N dit que ce rapport doit être maintenu. Donc si on augmente le N il faut aussi augmenter le C.
Le carbone étant en fait le nutriment méga-abondant capté grâce à la photosynthèse, on concluera que c’est la lumière qu’il faut augmenter si on veut augmenter le carbone. C’est pour cela qu’on espace un peu plus les plantes dans une agroforêt par rapport à une forêt naturelle et qu’on “emboîte” les espèces les unes avec ou sous les autres, pour bénéficier de leur tolérance à l’ombre sans compromettre leur production.
Je m’arrête là pour les explications botano-théorico-techniques, car maintenant que vous savez tout ça, il ne vous reste plus qu’à passer à l’action :
- analyser votre terroir,
- choisir les espèces adaptées et qui vous font plaisir,
- intégrer les bonnes plantes fertilisantes,
- et jouer au puzzle pour la disposition et l'étagement des plantes et des chemins.
C’est aussi simple que ça de faire un jardin-forêt ?
BIEN SÛR QUE NON ! (... mais en fait si !)
C’est pour ça que je vous conseille la lecture du livre CRÉER UN JARDIN-FORÊT, qui explique clairement la méthodologie, les stratégies et les techniques pour concevoir un jardin-forêt (ou forêt-jardin, ou forêt fruitière, ou forêt comestible, etc.)